Personal Collections

Mariana Siracusa on Écrire

24 June, 2021

Up close and personal: This is how Marguerite Duras in ‘Écrire’, Lucy Luppard in ‘The Lure of the Local’, and Rosalind Krauss in ‘Passages in Modern Sculpture’ describe the ‘spaces’ and ‘places’ they write about. The stories they tell are always about personal experience, even private in Duras’ case, and this allows readers to picture themselves in the narrative. It is a very effective technique, one that architects have often taken advantage of, both in the design process and after the fact when the time comes to communicate the work. I find the cinematic intensity of these excerpts very inspiring.

C’est dans une maison qu’on est seul. Et pas au-dehors d’elle, mais au-dedans d’elle. Dans le parc il y a des oiseaux, des chats. Mais aussi une fois, un écureuil, un furet. On n’est pas seul dans un parc. Mais dans la maison, on est si seul qu’on en est égaré quelquefois. C’est maintenant que je sais y être restée dix ans. Seule. Et pour écrire des livres qui m’ont fait savoir, à moi et aux autres, que j’étais l’écrivain que je suis. Comment est-ce que ça s’est passé? Et comment peut-on le dire? Ce que je peux dire c’est que la sorte de solitude de Neauphle a été faite par moi. Pour moi. Et que c’est seulement dans cette maison que je suis seule. Pour écrire. Pour écrire pas comme je l’avais fait jusque-là. Mais écrire des livres encore inconnus de moi et jamais encore décidés par moi et jamais décidés par personne… .

Il faut toujours une séparation d’avec les autres gens autour de la personne qui écrit les livres. C’est une solitude. C’est la solitude de l’auteur, celle de l’écrit. Pour débuter la chose, on se demande ce que c’était ce silence autour de soi. Et pratiquement à chaque pas que l’on fait dans une maison et à toutes les heures de la journée, dans toutes les lumières, qu’elles soient du dehors ou des lampes allumées dans le jour. Cette solitude réelle du corps devient celle, inviolable, de l’écrit. Je ne parlais de ça à personne. De cette période-là de ma première solitude j’avais déjà découvert que c’était écrire qu’il fallait que je fasse. J’en avais déjà été confirmée par Raymond Queneau. Le seul jugement de Raymond Queneau, cette phrase-là: ‘Ne fait rien d’autre dans la vie que ça, écrivez.’ Écrire, c’était la seule chose qui peuplait ma vie et qui l’enchantait. Je l’ai fait. L’écriture ne m’a jamais quittée.

Ma chambre ce n’est pas un lit, ni ici, ni à Paris, ni a Trouville. C’est une certaine fenêtre, une certaine table, des habitudes d’encre noire, des marques d’encres noires introuvables, c’est une certaine chaise… .

On ne trouve pas la solitude, on la fait. La solitude elle se fait seule. Je l’ai faite. Parce que j’ai décidé que c’était là que je devrais être seule, que je serais seule pour écrire des livres. Ça s’est passé ainsi. J’ai été seule dans cette maison. Je me suis enfermée – j’avais peur aussi bien sûr. Et puis je l’ai aimée. Cette maison, elle est devenue celle de l’écriture. Mes livres sortent de cette maison. De cette lumière réverbérée de l’étang. Il m’a fallu vingt ans pour écrire ça que je viens de dire là.

Mariana Siracusa on Écrire

Up close and personal: This is how Marguerite Duras in ‘Écrire’, Lucy Luppard in ‘The Lure of the Local’, and Rosalind Krauss in ‘Passages in Modern Sculpture’ describe the ‘spaces’ and ‘places’ they write about. The stories they tell are always about personal experience, even private in Duras’ case, and this allows readers to picture […]